I – Déformation élastique des cristaux Le comportement d’un matériau soumis à une contrainte peut être interprété par : La modélisation des phénomènes intervenant à l’échelle microscopique, Une approche macroscopique qui consiste à établir des lois de comportement mécanique. Dans cette 1ère partie, l’objectif est de présenter le comportement mécanique des matériaux à l’échelle microscopique afin d’en préparer l’étude à l’échelle macroscopique. I.1 – La cohésion des solides cristallins Le modèle électrostatique Dans le cas des métaux, ce modèle tient compte de l’interaction entre ions positifs et nuage électronique et fait apparaître en fonction de la distance r entre atomes : - une force d’attraction en -1/r2 - une force de répulsion en 1/rn A l’état stable, deux atomes se trouvent à la distance r0 pour laquelle il y a équilibre entre forces d’attraction et de répulsion. F(r) = -A/r2 + B/rn A, B et n sont des constantes Pour r = r0, il y a équilibre entre forces d’attraction et de répulsion. Variation de l’énergie potentielle du système en fonction de la distance r entre 2 atomes à 0 K. I.2 - Déformation élastique microscopique Pour de faibles écarts, la force de rappel F(r) est proportionnelle au déplacement r-r0, c’est l’origine de la Loi de Hooke → σ = E.εε A l’échelle macroscopique, la contrainte est proportionnelle à la déformation pour des ε faibles. Le modèle des ressorts très simple, permet de représenter les liaisons atomiques par des ressorts et de retrouver la loi de Hooke. Le module de Young est assimilable en 1ère approximation à la raideur K du ressort. Modèle des ressorts Les ressorts RA modélisent le comportement en traction et en compression. Les ressorts RB correspondent à la contraction latérale (effet Poisson) observée ⊥ à la direction de traction. Modélisation d’un cristal à l’aide du modèle des ressorts. I.3 - La rigidité du matériau Elle représente sa capacité à se déformer de façon élastique réversible sous l’action d’une contrainte. Elle est caractérisée : par E : le module d’élasticité, par ν : le coefficient de Poisson par G : le module de cisaillement (de Coulomb) τ = G.γγ contrainte de cisaillement par K : le module de compressibilité volumique. ∆V / V0 = - P/K Compression hydrostatique sous une pression P Rappels d’élasticité linéaire isotrope : Deux constantes suffisent à caractériser le comportement élastique d’un matériau isotrope car E, ν, G et K ne sont pas indépendantes ; chaque constante peut s’exprimer en fonction de deux d’entre elles : G = E / 2.(1+ν ν) G = 3/2.K. (1-2ν ν)/(1+ν ν) E = 9K.G/(G+3K) K = E / 3.(1-2ν ν) L’agitation thermique provoque un relâchement de l’intensité des liaisons interatomiques. Une élévation de T°entraînera une diminution sensible de la rigidité élastique des matériaux et par conséquent du module d’élasticité. Variation du Module d’élasticité (GPa) avec la température Pour une contrainte donnée, un matériau est d’autant plus rigide que sa déformation élastique est faible c’est à dire que son module d’élasticité est grand. En résumé : • Le modèle électrostatique est un modèle réaliste car il rend compte de la dilatation thermique, mais, l’estimation de la résistance théorique à la traction Rth est toujours très supérieure à la résistance expérimentale en traction Rm. • Le modèle des ressorts permet de retrouver la loi de Hooke, mais n’explique pas la dilatation thermique. Il donne une 1ère estimation de la résistance théorique d’un matériau fragile mais celle-ci reste très supérieure à la résistance expérimentale en traction Rm. Rthéorique ≈ E/3 à E/10 II – Déformation plastique des cristaux En réalité, la déformation plastique apparaît avant que la déformation élastique n’ait atteint sa limite théorique. Contrainte et déformation ne sont plus proportionnelles : σ = kεn La déformation est irréversible. Si on relâche la contrainte, le retour élastique se produit avec un module égal à celui de la 1ère déformation. II.1 – Glissements critallographiques En 1ère analyse, la déformation plastique des métaux apparaît comme la résultante de glissements irréversibles de certains plans cristallographiques les uns par rapport aux autres. Ces phénomènes de glissement apparaissent sous l’effet de contraintes de cisaillement qui se manifestent lorsque le cristal est soumis à des contraintes de traction et/ou de compression. Les lignes ou bandes de glissement que l’on observe en microscopie optique caractérisent l’émergence de ces glissements à la surface de l’éprouvette. Lignes et bandes de glissement sur une éprouvette déformée plastiquement. Représentation schématique de la formation de bandes de glissement. Mise en évidence de glissements dans un monocristal de fluorure de lithium. Mécanisme du glissement au cours de la déformation plastique. σ : contrainte normale τ : contrainte tangentielle Observation par métallographie des glissements dans les grains d’un acier déformé plastiquement. Des études cristallographiques montrent que : les plans et les directions de glissement sont les plans et les directions de plus grande densité atomique. Un système de glissement est constitué par un plan de glissement et une direction de glissement. Sous l’effet de la déformation, les atomes ont glissé vers une nouvelle position d’équilibre : la déformation est permanente mais la matière conserve sa cohésion. Plans et directions de glissement pour les métaux usuels. II.2 – Cission suivant un système de glissement Le glissement cristallographique est du à un cisaillement qui agit sur des plans bien définis, il faut considérer la composante tangentielle de la contrainte de traction F/S0 à laquelle on soumet un monocristal. La loi de Schmid permet de calculer la contrainte de cisaillement (cission τ) dans la direction de glissement : τ = (F/S0).cos χ . cos θ S0 : section du cristal Les premiers glissements cristallographiques, se produisent pour une valeur constante τc* (cission critique de glissement) qui correspond au facteur de Schmid maximum : cos χ . cos θ = 0.5 pour χ = θ = 45°. τ = (F/S0).cos χ . cos θ Passage du monocristal au polycristal • Dans un polycristal, chaque cristal a une limite élastique qui est atteinte à des instants différents à cause de la diversité des orientations. • Quand la contrainte augmente, le nombre de cristaux qui se déforme plastiquement augmente. • La disparition de l’élasticité se fait donc de manière progressive ; l’éprouvette subit une déformation plastique bien qu’elle contienne encore des cristaux à l’état élastique. II.3 – Cission critique théorique de glissement τth Différents modèles ont été proposés pour évaluer la cission critique théorique de glissement τth dans un monocristal parfait de structure cubique. Pour cela, on a supposé que la moitié supérieure du cristal glissait sur sa moitié inférieure d’une distance x sous l’effet d’une cission τ. L’énergie de cohésion du cristal du fait de sa périodicité peut être représentée (en 1ère approximation) par une fonction sinusoïdale. A l’équilibre, l’énergie de cohésion est minimale. Si une partie du cristal subit un déplacement x, tout atome déplacé voit son énergie potentielle augmenter, l’énergie de cohésion représente le travail de la force à appliquer pour provoquer la décohésion, c’est à dire au travail de la contrainte τr. On aboutit à τth ≈ G/6. En résumé, Quelque soit le modèle, les valeurs expérimentales de la contrainte de cisaillement sont 100 à 1000 fois plus faibles que les valeurs théoriques. Le travail demandé à la contrainte pour produire une déformation irréversible est bien moindre, Les modèles n’expliquent pas la consolidation. La déformation plastique se produit sur des plans cristallins et selon des directions cristallographiques particulières, Seule intervient la composante de cisaillement de la contrainte appliquée selon le système de glissement le mieux orienté. Comment expliquer ces écarts ? Il faut donc envisager un mécanisme de remplacement faisant intervenir un cisaillement progressif. III – Rôle des dislocations C’est Taylor en 1930 qui imagina la présence de défauts dans le réseau cristallin du métal : les dislocations Il fallut attendre les années 1950 pour que soit confirmée l’existence des dislocation grâce à des observations directes en Microscopie Electronique par Transmission. Il existe des plans cristallographiques partiellement remplis d’atomes qui en se déplaçant sous l’effet d’un effort permettent aux plans cristallographiques de glisser les uns par rapport aux autres et d’avancer sur un front large. Les dislocations, défauts linéaires, peuvent se déplacer sous l’effet d’une contrainte beaucoup plus faible que la cission théorique. La théorie des dislocations permet d’expliquer de nombreux phénomènes physiques et mécaniques qui se produisent dans les matériaux cristallins, métaux et céramiques. III.1 – Les dislocations et la limite d’élasticité a) Morphologie Les dislocations constituent des sortes de « plis » dans les plans atomiques du cristal. L’amplitude du pli est égale à un nombre entier de distances interatomiques et se caractérise par le vecteur de Burgers. Il existe deux types de dislocations : - des dislocations coin, - des dislocations vis, et aussi des dislocations mixtes pour lesquelles l’angle entre b et L est compris entre 0 et 90°. Analogie entre le déplacement d’une dislocation et celui d’un tapis. Dislocation coin : b ⊥ L Dans un cristal parfait, le circuit se referme. Dislocation vis : b // L b⊥L b // L b) Mobilité des dislocations La déformation plastique résulte du déplacement d’un grand nombre de dislocations sous l’action d’une contrainte de cisaillement (ou cission) ; elle constitue un glissement. Le demi-plan supplémentaire se déplace de gauche à droite par sauts discrets et forme, à la surface du coté droit du cristal une marche, dont la largeur est une distance atomique. Déplacement d’une dislocation dans un empilement compact d’atomes et création d’une marche de glissement. Dislocation coin observée en MET dans l’oxyde CuO. Les dislocations se déplacent plus facilement dans les plans cristallographiques de plus forte densité atomique et selon les directions les plus denses. Pour une structure cristalline donnée, le nombre de systèmes de glissement possibles fournit une première indication sur la ductilité de cette structure. Dans un métal, une dislocation est une ligne de défaut mobile, Pour minimiser l’énergie interne, la ligne de dislocation aura tendance à être la plus courte possible, La ligne de dislocation est un tube de désordre atomique entouré d’un champ de déformation élastique, difficile à modéliser, Leur vitesse de propagation dépend du niveau de contrainte, Elles existent dans les matériaux ioniques et covalents mais leur mobilité est très réduite. III.2 – Multiplication et organisation des dislocations En pratique, même si le refroidissement est très lent, de nombreuses dislocations (écarts à l’empilement parfait) se créent lors de la solidification à partir de la disparition des lacunes. • La déformation plastique est due au glissement des dislocations jusqu’à la surface du métal. • Expérimentalement, on observe entre les lignes de glissement des “ marches ” de l’ordre de 200 nm : Cela nécessite qu’un très grand nombre de dislocations balaie le plan de glissement, D’autre part, leur émergence sur une surface libre les fait disparaître !! Représentation schématique de la formation de bandes de glissement. L’importance des déformations plastiques macroscopiques ne peut s’expliquer par le déplacement des seules dislocations préexistantes. Il faut donc envisager un moyen de production de ces défauts autre que la solidification pour expliquer les fortes déformations plastiques pouvant être atteintes dans les métaux. Il y a création de nouvelles dislocations, de façon continue, par un mécanisme de type source de Franck-Read Mécanisme de multiplication des dislocations Source de Franck-Read Source de Franck-Read dans un monocristal de silicium. Deux boucles complètes se sont formées et une 3ème boucle est sur le point de se refermer sur elle-même. A l’intérieur d’un cristal, les dislocations s’organisent suivant un réseau tridimensionnel appelé réseau de Franck. Réseau de dislocations dans du niobium déformé à basse T° La déformation plastique peut s’accompagner de la formation de mâcles mécaniques. Le mâclage survient lors de l’application d’une contrainte brusque et entraîne une réorientation de part et d’autre du plan de mâclage. Ces déformations locales se propagent très vite. cri de l’étain ou de la martensite (traitements thermiques des aciers). III.3 – Consolidation On définit la densité de dislocation ρ comme la longueur totale de dislocation par unité de volume, elle s’exprime en m par m3. Dans les cristaux parfaits : 1 à 10 m de dislocations par cm3 de cristal, Dans les cristaux non déformés : 10 à 100 km de dislocations par cm3 !! Dans les cristaux déformés 106 km / cm3 Lorsque les dislocations se mettent en mouvement et se multiplient leur densité augmente, il faut donc appliquer une contrainte plus élevée pour que la déformation plastique se poursuive c’est le phénomène de consolidation. En traction, la loi de Ludwig est la plus utilisée pour modéliser l’écrouissage : σ = k.εεn k : constante du matériau n : coefficient d’écrouissage, varie de 0.1 à 0.5 Observation en MET de dislocation dans des échantillons de fer déformés plastiquement : a) A = 2 % Λ = 2.108 cm / cm3 b) A = 10 % Λ = 2.1010 cm / cm3 c) A = 20 % Λ = 2.1011 cm / cm3 Formation de microfissures par empilement de dislocations coins contre un obstacle. III.4 – Mobilité des dislocations et ductilité •Tous les matériaux cristallins sont-ils ductiles ? NON La présence de dislocations n’est pas une condition suffisante pour que la ductilité apparaisse, il faut aussi que ces dislocations soient mobiles. Dans les matériaux métalliques, le déplacement des dislocations est facile, Dans les matériaux covalents (matériaux fragiles comme le verre, le diamant …), il existe peu ou pas de mobilité des dislocations. •Tous les matériaux ductiles sont-ils cristallins? NON Cas des polymères Cas des matériaux fragiles • En 1930, Griffith suggère que la présence de défauts superficiels ou internes (porosités) peut conduire à des concentrations de contraintes localement plus importantes. • Les défauts jouent donc le rôle de concentrateurs de contrainte et la contrainte peut localement atteindre une valeur égale à Rth. Introduction des notions de : - concentration locale de contrainte - facteur de concentration de contrainte - ténacité Théorie de la mécanique de la rupture. Dans les polymères, le module d’élasticité E dépend de la flexibilité des chaînes moléculaires plutôt que de l’intensité des liaisons interatomiques. Les chaînes moléculaires des polymères sont enchevêtrées. Elles peuvent se déployer sous l’action d’une contrainte. Le module d’élasticité d’un polymère amorphe est un module d’élasticité apparent dont la valeur n’est pas proportionnelle à celle de l’intensité des liaisons atomiques il n’y a pas proportionnalité entre contrainte et déformation, le comportement est viscoélastique. Modélisation du comportement viscoélastique III.5 – Intérêt de la ductilité Si la limite d’élasticité constitue le seul paramètre important pour l’ingénieur en conception de structure, La ductilité est un atout pour la mise en forme des métaux - laminage, forgeage, matriçage, - extrusion, pliage, emboutissage … l’auto-accommodement : un élément d’une structure peut supporter une déformation permanente sans se rompre, l’amélioration de la ténacité Pour qu’un matériau présente une bonne ductilité, il faut que les conditions suivantes soient remplies : présence de dislocations, ces dislocations doivent être mobiles, il doit exister dans le matériau un nombre minimal de plans de glissement pour que la déformation plastique soit homogène ; 5 systèmes de glissements indépendants : Critère de Von Mises. Conditions requises pour qu’un matériau soit ductile et avantages. La mise au point de nouveaux alliages nécessite la recherche d’un compromis entre : - une limite d’élasticité élevée, - une bonne ténacité, - une bonne aptitude à la mise en forme. But recherché Établir des lois constitutives fiables qui relient la déformation plastique, la vitesse de déformation, la contrainte, la T°et la P et tiennent compte de la microstructure. III.6 – Conclusions sur les caractéristiques mécaniques Les caractéristiques mécaniques, contrairement aux caractéristiques physiques, sont des paramètres conventionnels influencés par : les conditions d’essai les conditions de fabrication les traitements thermiques la présence de défauts structuraux Leur connaissance est nécessaire pour : - maîtriser la déformation du métal afin d’obtenir la forme désirée ductilité - maîtriser le comportement de la pièce en service aucune déformation plastique autorisée. Ce sont des repères permettant de classer des matériaux. La limite d’élasticité « vraie » correspond à la contrainte à partir de laquelle, le comportement du matériau s’écarte de la loi de Hooke. En pratique, au cours d’un essai de traction, la position du point expérimental de la limite élastique dépend de la précision avec laquelle on mesure l’allongement et la contrainte. Intérêt pratique de la définition de la limite conventionnelle d’élasticité : R 0.2 pour l’évaluation des marges de sécurité. IV – Modifications des propriétés mécaniques Certaines propriétés comme Re, Rm, la ductilité, la dureté, la ténacité peuvent être modifiées : - par addition d’éléments étrangers à la matrice, - par des traitements thermiques ou mécaniques appropriés. Les propriétés extrinsèques obtenues dépendent de la microstructure et de la densité de défauts présents ou introduits dans le matériau. IV-1 Les mécanismes de durcissement Toutes les méthodes de durcissement ont le même effet : elles rendent difficile ou impossible le mouvement des dislocations. IV.1.1 – L’écrouissage ou consolidation Au cours de la déformation plastique, la densité de dislocations augmente. Elles interagissent entre elles ce qui rend leur mouvement de plus en plus difficile. La contrainte de cisaillement nécessaire pour les faire bouger donc la limite élastique va augmenter avec la densité de dislocations selon une loi: σe = σ0 + G.b(ρ ρ)1/2 Variation des propriétés mécaniques Re0.2, Rm et A% dans un laiton (Cu-35%Zn) en fonction de la réduction de section par laminage. (a) (b) Évolution de la morphologie des grains dans un laiton (Cu-30%Zn) au cours du laminage : (a) État initial (b) Réduction de section de 25% (c) Réduction de section de 70% (c) L’écrouissage peut être néfaste dans le cas du laminage d’une tôle mince il faut alors recuire le métal avant de poursuivre la déformation plastique. C’est la “guérison” des métaux écrouis : traitements de restauration et de recristallisation. a) Métal écroui. b) germination et croissance de nouveaux grains. c) structure après recristallisation. IV.1.2 – Les obstacles au glissement ou les moyens d’augmenter la limite élastique. A – Durcissement par affinement de la taille de grain Les dislocations peuvent être bloquées par les joints de grains. Pour les métaux CC comme le fer et les aciers, la valeur de la limite élastique dépend de la taille des grains suivant la relation de Hall-Petch : Re 0.2 = σ0 + k.d-1/2 σ0 : limite d‘élasticité du monocristal, k : coefficient de Petch, dépend du matériau, d : taille moyenne des grains. Empilement de dislocations dans un joint de grain. Variation de Re 0.2 pour plusieurs métaux et alliages en fonction de la taille moyenne de grains d. B – Durcissement par solution solide Les atomes en solution solide créent autour d’eux des champs de contrainte qui gênent le glissement des dislocations et contribuent à augmenter la limite élastique. Exemples : - aciers sans interstitiels - palier de Lüders - phénomène Portevin-Lechatelier - zones de Guinier-Preston - formation de carbures lors de la trempe des aciers. Solution solide d’insertion. Les atomes de soluté exercent une force de freinage sur les dislocations. Cet effet est plus important lorsque les atomes étrangers sont en insertion. Solution solide de substitution. C – Durcissement par précipitation Ce mode de durcissement est très employé : la maîtrise des processus de précipitation constitue la base de la majorité des traitements thermiques. Les précipités se caractérisent par : - leur taille - leur cohérence - leur distribution Durcissement structural du Duralumin (AlCu4MgSi) Grâce à une série de chauffages et de refroidissements contrôlés, on obtient une répartition optimale de précipités dans la matrice ce qui conduit à une amélioration significative des propriétés mécaniques. Précipité cohérent avec distorsion de volume. Précipité semi-cohérent Précipité incohérent Diagramme d’équilibre Al-Cu. Variation de la limite élastique du Duralumin après trempe et maturation à une T° de 150°C. Mécanisme de contournement de précipités par une dislocation. La dislocation se déplace de gauche à droite. Elle laisse une boucle de dislocation autour de chaque précipité. Pour que la dislocation se courbe, selon un rayon r, il faut appliquer une contrainte τ = Gb/2r ou τ = Gb/d, avec r = d/2 τ est inversement proportionnelle à la distance qui sépare les précipités. Cisaillement d’un précipité cohérent par une dislocation. IV-2 Transition ductile-fragile Le comportement d’un matériau peut être ductile ou fragile selon ses conditions d’utilisation. IV.2.1 – Influence de la température Quand la T°diminue R 0.2 et Rm augmentent A % diminue L’agitation thermique, en apportant de l’énergie, favorise le mouvement des dislocations par contre lorsque la T°diminue, il faut augmenter la contrain te pour mettre en mouvement les dislocations. Risque de décohésion brutale du matériau ou de rupture par clivage Variation de R0.2, Rm et de A% en fonction de la T° de l’essai de traction. -30°C 0°C Variation du facies de rupture en fonction de la T° dans le cas d’un acier doux. 25°C -70°C (b) Rupture par clivage (c) Rupture ductile (b) (c) • Dans les métaux, la transition ductile-fragile est plus marquée pour les alliages à structure CC et HC que CFC. • Dans le cas des polymères, la souplesse des chaînes moléculaires diminue et il ne peut plus y avoir de déformation plastique. • Les céramiques sont des matériaux fragiles, une certaine ductilité se manifeste pour des T°de l’ordre de 0.8 à 0.9 Tf. IV.2.2 – Influence de la vitesse de sollicitation Un accroissement de dεε/dt entraîne une augmentation de la T°de transition ductile-fragile. A T°constante, une augmentation de d ε/dt a le même effet qu’une diminution de la T°à vitesse de déformation constante. Lorsque la vitesse de déformation atteint une valeur critique, la contrainte atteint la valeur requise pour provoquer la décohésion du matériau par clivage sans que les dislocations aient eu le temps de se déplacer pour accommoder la déformation. Influence de la vitesse de déformation sur la T° de transition ductile-fragile. IV.2.3 – Influence de l’effet d’entaille (géométrie) L’effet d’entaille c’est à dire l’existence de concentration de contraintes localisées à la racine d’un défaut, d’une entaille mécanique ou d’un changement de section peut influencer le comportement du matériau. R0.2 est peu influencée par la géométrie, Rm, par contre, dépend beaucoup de l’acuité de l’entaille un comportement fragile peut se manifester à des T°plus élevées que dans une éprouvette lisse. Ce phénomène d’origine mécanique peut se produire dans tous les matériaux, y compris de structure CFC. Influence d’une entaille sur la variation de Rm en fonction de la T°. Comment détermine-t-on la T°de transition ductile-fragile ? En réalisant des essais de résilience à l’aide d’un mouton-pendule de Charpy. Au cours de ces essais, 3 conditions favorisant la rupture fragile sont réunies : - vitesse de sollicitation élevée, - concentration de contrainte due à la présence d’une entaille mécanique de géométrie normalisée, - T°d’essai variable. Essai de résilience Température de transition de la résilience. Détermination de la T°de transition ductile-fragile pour 50 % de rupture ductile. Variation de l’énergie de rupture en fonction de la température pour une série d’aciers au carbone. Influence de la température sur la résilience des alliages CFC et CC. Rupture transgranulaire fragile par clivage dans un acier à basse T°. Rupture transgranulaire ductile dans un alliage d’aluminium contenant des particules métalliques. Rupture intergranulaire fragile dans un alliage de cuivre.